Oeil de Verre
Il était une fois une princesse souveraine
Dont la richesse donnait tout à envier
Seul son oeil, depuis longtemps évidé par un acte de folie et de haine
Concentrait sa peine et altérait sa beauté
Bientôt la demoiselle fut en âge d'être mariée
De tout le royaume les jeunes hommes accoururent
Par la belle et le pouvoir comme hypnotisés
Et pour lui faire la cour, ils se firent courtois et de fière allure
Mais la miss, jamais dupe, fut difficile dans ses choix
Et tour à tour, de prince en prince, les renvoya
Evinçant les prétendants jusqu'au nombre de trois
Garçons aux qualités telles que rien ne les démarqua
Pour une ultime épreuve la future reine convoqua les rivaux
Et leur révéla qu'elle était sensible aux talents des artistes :
"Que chacun prenne une toile et ses plus beaux pinceaux
Car c'est au sort de mon portrait que se départageront les finalistes"
Chaque garçon emporta sous son bras
La toile vierge mais remplie de promesses
Et pendant trois jours et trois nuits s'appliqua
A donner le meilleur de lui-même pour contenter son Altesse
Ainsi revinrent-ils avec leur présent :
Trois toiles drappées aux effluves de peinture
S'étalaient devant la princesse inquiète maintenant
D'un jugement dont l'issue déciderait son futur
Le premier révélait le minois adorable
D'une demoiselle au regard uni et azuré
Qui aurait fait fondre toutes les jeunes filles affables
De flatteries veines et infondées
Le second tableau s'avérait travaillé
Sous la ruse d'un auteur astucieux
Qui sous de belles boucles opalines
Masquait la triste réalité de l'un de ses yeux
Le dernier ouvrage fut à son tour découvert
Révélant un visage aux traits fins et inspirés
Cependant frappé, horreur ! de la monstruosité d'un oeil de verre !
Mais Elle vit son coeur battre pour la sincérité
Rosiel